Ados et MP3 : à bas le son !

Lecteurs MP3, discothèques, concerts… les oreilles des jeunes sont souvent mises à rude épreuve. Comment donc protéger l’ouïe de nos ados ? Le docteur Bruno Frachet, chef de service à l’hôpital Avicenne de Bobigny (93), vous conseille…

Un son qui déchire… les oreilles !

Rap, rock, électro… quel que soit leur genre musical favori, les jeunes écoutent souvent la musique à fond, au risque de fragiliser leur santé auditive. Selon une étude américaine, publiée en 2010, la proportion d’adolescents souffrant d’une perte auditive a augmenté de près de 30 % depuis les années 1990. En France, d’après le ministère de la Santé, 6 à 25 % des jeunes de moins de 25 ans présentent une perte auditive pathologique. Face à ces chiffres inquiétants, Bruno Frachet souligne néanmoins que « le législateur s’est intéressé au risque du port du baladeur ». En effet, l’article L5232-1 du code de la santé publique « prévoit de brider tous les baladeurs à 100 décibels ». Notons néanmoinsque beaucoup contournent la loi puisque des logiciels disponibles sur Internet permettent de débrider les MP3.

 MP3 : temps d’écoute limité recommandé

Les spécialistes recommandent de ne pas dépasser plus de deux heures d’affilée d’écoute. Une recommandation difficile à appliquer quand on sait que les lecteurs MP3 possèdent une grande capacité de stockage, incitant à un temps d’écoute prolongé. D’après les chercheurs américains, les adolescents écoutent quotidiennement leur MP3 pendant 1h30, dont 1 heure en continu. Les 15-17 ans sont les plus concernés, avec une écoute moyenne de 2h05. Cependant, selon le docteur Frachet, « tout le monde n’est pas égal génétiquement devant le risque sonore ». « L’utilisation prolongée n’aboutit pas forcément à des troubles auditifs, mais entraîne une réelle fatigue auditive. Il est essentiel de la compenser par un repos sonore. » Chacun dispose d’un capital auditif. Et « avant la destruction des cellules auditives à vie, il est possible de régénérer le stock d’énergie ».

Perte d’audition : les signes qui mettent la puce à l’oreille

Les premiers symptômes d’une fatigue auditive sont souvent les acouphènes (sifflements et/ou des bourdonnements entendus en l’absence de son extérieur). Dans certains cas, une exposition sonore trop élevée peut provoquer une hyperacousie. Le malade devient alors hypersensible au bruit : même les sons les plus faibles sont entendus très forts et/ou de façon douloureuse.

Une prévention difficile

Face aux risques pour la santé auditive des jeunes, « il est important de faire de la prévention », prévient Bruno Frachet. « Mais on se heurte à un problème. Il est difficile de faire du préventif, puisque théoriquement la musique est inoffensive et apporte du plaisir à l’intéressé ». Pour le spécialiste, « il n’est donc pas question d’enlever ce plaisir aux ados. Rien ne sert d’être castrateur. Les parents doivent en revanche insister sur le fait que l’énergie musicale peut être dangereuse. Un plaisir qui peut coûter cher et avoir de lourdes conséquences, tout au long de la vie, alors que de simples gestes permettent de protéger l’audition. Par exemple, dire à son ado que s’il a la sensation que la musique est trop forte, c’est qu’elle l’est. Dans un concert, il ne faut pas hésiter à sortir faire une pause si besoin ». Par ailleurs, le spécialiste recommande de mettre des bouchons lors de ces sorties. « Il existe aussi des filtres auditifs fluo. On change de mentalité et on commence à prendre en compte ce problème. » Du côté des baladeurs, il est conseillé de l’écouter à la moitié de son volume maximum. Pour votre ado, préférez également un casque aux écouteurs. « Avec ces derniers, toutes les surpressions sonores sont transmises à l’oreille ». La dangerosité est moindre avec les casques « qui ne sont pas occlusifs pour le pavillon de l’oreille ».

les risques dépressifs de la musique

 Selon une étude américaine publiée en avril 2011, réalisée auprès de 106 enfants âgés de 7 à 17 ans, les adolescents qui passent trop de temps à écouter de la musique seraient plus enclins à faire une dépression. Quant à ceux ayant totalement délaissé les livres, le risque serait 80 % plus important. Néanmoins les chercheurs restent prudents. « Est-ce qu’ils écoutent plus de musique parce qu’ils sont déprimés et souhaitent trouver une échappatoire, ou dépriment-ils parce qu’ils écoutent de la musique à trop haute fréquence ? Peut-être les deux », souligne Brian Primack, le responsable de l’équipe de chercheurs à l’origine de l’étude.

La lecture, bonne pour le moral

Les adolescents qui s’adonnent à la lecture auraient 50 % de risque en moins de tomber dans la dépression. « La tristesse est un grand thème de la musique populaire. L’écoute de ces messages permet parfois de ne pas se sentir par trop seul (…) Mais être trop exposé à des thèmes trop noirs peut également contribuer au développement d’un terrain dépressif », expliquent les chercheurs. Voilà donc un nouvel argument pour inciter vos ados à lâcher un peu plus leur baladeur et ouvrir davantage un bon roman. A bon entendeur…

 

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