L’acné à l’adolescence : une souffrance chronique
Loin d’être un épisode passager, l’acné s’étend dans le temps et frappe la beauté et la santé des peaux, d’où l’importance d’un suivi personnalisé. Selon une étude INSERM, sur 1566 jeunes âgés de 12 à 25 ans, 48 % estiment que l’acné entrave leur sociabilité. Ce chiffre monte jusqu’à 67 % dans le cas d’acné sévère. Lorsque l’on sait que les adolescents considèrent l’acné comme une maladie chronique, il est d’autant plus frappant de constater que l’état de santé psychique des jeunes n’est pas pris en compte dans la conscience collective et que très rares sont les enquêtes qui leur posent directement la question. La dernière en date, fruit de la collaboration entre Fil Santé Jeunes et le groupe Expert Acné, les interroge directement. Il en ressort que 56 % sont fortement anxieux du fait de leur acné – quelle que soit la forme dont ils souffrent – et que 20 % ont honte de leur peau. Avoir honte de soi à l’adolescence n’est pas anodin : c’est au moment de la puberté que les règles sociales prennent un tout autre enjeu et que plaire est essentiel au développement de la confiance en soi.
Ne pas sous-estimer le mal-être de son ado
Tous les spécialistes, qu’ils soient dermatologues ou psychologues font le même constat : les parents d’ados sous-estiment le besoin de leur enfant de voir un spécialiste, mais surtout de le voir seul. Le Dr Abimelec, spécialiste des problèmes de peaux pour les ados et les jeunes adultes va dans ce sens : « Selon nos informations, 70 % des ados sont décisionnaires dans le fait d’aller voir un spécialiste ou pas. C’est dramatique : cela veut dire qu’ils sont livrés à eux-mêmes alors qu’ils sont en demande d’écoute. Mais le pire reste que sur 100 ados, 55 ne viennent pas et ne viendront pas dans un cabinet. » Ce chiffre est immense lorsque l’on sait qu’un dermatologue peut aussi être un confident et jouer un rôle de conseil bienfaisant. La cassure de l’image de soi engendre une faille narcissique et peut à terme malmener les ados dans leur apprentissage amoureux.
Acné et dépression
L’acné n’est pas seulement un bouton, c’est aussi une spirale qui demande aux ados de la force pour s’en sortir. Les adolescents souffrant d’acné se partagent en deux catégories : ceux qui consultent et ceux qui pratiquent l’automédication. Il est important de mettre en garde contre cette dernière possibilité. Loin d’être bénigne, elle peut engendrer des conséquences fâcheuses :
- Laisser seul l’ado face à lui-même et à sa glace n’est jamais très bon,
- Le mettre face à des produits qui dans le meilleur des cas n’ont des effets que sur le court terme et dans le pire aggravent les lésions en desséchant la peau,
- Faire que l’ado ruine son budget par des produits non-remboursés.
Puisque l’automédication n’est pas efficace dans le cadre d’un traitement, elle amène à un découragement et à l’idée que l’on retrouve la plupart du temps : l’impossibilité de s’en sortir et que sa jeunesse sera manquée, puisque marquée de stigmates. En somme, l’automédication rend l’ado propice à développer des signes de dépression parfois profonde. Dans ce contexte, il est absolument nécessaire de consulter. Mais attention, pas n’importe quel spécialiste : un dermatologue compétent en matière de peaux jeunes et qui connaît la pluralité des traitements possibles : rétinoïdes, dermocorticoïdes, acides de fruits, acide azélaïque, antibiotiques, traitement hormonal, lasers, photothérapie… pour n’en citer que quelques-uns. Du nettoyage de peau, aux anti-inflammatoires, les prescriptions doivent être en accord avec le type d’acné de votre ado. Le Dr Abemelec insiste sur le rôle du médecin de toujours effectuer un diagnostic complet, de prévenir son patient des conséquences d’un traitement et de réaliser un suivi poussé. Les raisons de son inquiétude sont simples : de nombreux médecins ont choisi de prescrire des traitements lourds que lui-même souhaite mettre de côté. Alors que la diversité existe, certains se contentent de reproduire une unique ordonnance. En ligne de mire : la molécule de l’isotrétinoïne plus connue par le médicament vendu en pharmacie : le roaccutane. Or ce médicament décrié par certains, est soupçonné d’entraîner des effets indésirables sévères. Les solutions existent, mais il faut toujours rester vigilant. L’acné n’est pas à prendre à la légère.