Ados et tabac : l’échec de la prévention

Les géants du tabac enfument toujours les jeunes à en croire une nouvelle étude…

La cigarette séduit encore trop de jeunes. L’enquête européenne ESPAD* révèle que de 2007 à 2011, le pourcentage des ados de 15 à 16 ans ayant fumé au cours de l’année a augmenté de 30 à 38 %. Les spécialistes dénoncent des moyens trop modestes, la non-application totale de la loi Hévin (notamment pour l’interdiction des mineurs d’acheter du tabac) mais ils soulignent surtout la difficulté de la prévention auprès des adolescents. Car qui dit prévention, dit projection sur le long terme. Or, dans un contexte difficile et aussi du fait de la spécificité de l’adolescence en elle-même, « la notion de risque pour la santé n’a aucune prise sur le public visé, qui ne se projette pas si loin dans leur futur. Au contraire, elle peut même être contreproductive car le risque fait naître l’envie d’expérimenter », souligne le Pr Daniel Thomas, président honoraire de la Fédération française de cardiologie.

L’ESPAD a aussi interrogé les jeunes sur ce qui retarderait ou mettrait de côté leur envie de tenir une cigarette entre les mains. Et les raisons sont surtout financières. Les ados, soit par manque de moyens, soit par refus de laisser s’envoler leur argent de poche, restent sensibles au coût du paquet. Certains, qui avaient commencé une consommation régulière, ont arrêté à cause du coût, quelques semaines après. Le prix du tabac a déjà été utilisé pour dissuader les fumeurs, notamment en 2003 où il avait augmenté de 40 %. Cette augmentation aurait incité 1.8 million de Français à éteindre leur dernière cigarette. Néanmoins, on peut s’interroger sur les conséquences positives sur le long terme. Car si la cigarette n’est plus accessible, elle n’en reste pas moins désirée. Et les lobbies pro-tabac et les moyens marketing et économiques considérables de l’industrie du tabac ont à leur disposition des outils efficaces pour susciter l’envie au plus profond des ados et en faire des consommateurs dépendants. Pour preuve, les publicités anti-tabac que certaines compagnies financent. On y trouve des slogans comme : « Faire la fête, avec ou sans tabac, à vous de choisir, que vous soyez majeur ou mineur ». Trouvez-vous cela dissuadant ? En usant d’un lexique de la tentation, les publicitaires maîtrisent parfaitement les récepteurs du cerveau des jeunes. Sans oublier, que nos voisins européens, notamment la Belgique, proposent des prix bien plus attractifs.

Trouver des moyens de rendre muet ce désir est la seule façon de préserver les jeunes. On pense aux paquets neutres, dont Marisol Touraine, a promis qu’ils seraient une des priorités de la nouvelle loi de santé publique. Mais pourquoi ne pas remplacer un désir par un autre ? On sait que le tabac abime les poumons, mais aussi la peau, les dents, que l’haleine est fort peu agréable et que les ongles jaunissent. Ne serait-ce pas primordial, pour plus d’impact chez les ados, de laisser de côté l’idée de santé pour mettre en avant celle de « sexy » à une période où ces derniers ont besoin de plaire aux autres, mais aussi à eux-mêmes…

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