Les ados, accros au porno

Dans une société où les images hypersexuées fleurissent de toutes parts, difficile pour nos enfants d’y échapper. Un fait d’autant plus inquiétant que les ados y accèdent de plus en plus jeune. Jusqu’en 2002, l’âge moyen de visionnage du premier film X se situait autour de 13 ans, mais depuis une décennie, cet âge ne cesse de baisser. En cause notamment Internet, offrant une fenêtre ouverte sur la pornographie. Le Web, un rendez-vous incontournable pour des jeunes en quête de repères, qui n’est pas sans conséquences. Hé oui, comment construire une sexualité épanouie quand tout est lié à la performance et à la domination permanente de l’homme sur la femme. Conséquences : les adolescents peuvent se sentir incompétents ou nuls s’ils n’ont pas “tout” essayé. Israël Nisand, qui dans son rapport sur la contraception des adolescents remit en février 2012 à la secrétaire d’Etat à la jeunesse, Jeannette Bougrab, met en évidence la banalisation des films pornos chez les jeunes, nous dresse un état des lieux…

A quel âge, en moyenne, un adolescent voit-il son premier film porno ?

C’est très variable, mais on estime qu’à 11 ans, 95 % des enfants ont vu un film porno. Nous luttons contre l’institution de la pornographie et demandons donc une loi qui les protège. Il faut savoir qu’un tiers des films visionnés sont des films appartenant aux parents. On voit aussi des pères qui offrent un coffret de films X pour les 15 ans de leur ado. Il est important de prévenir les adultes du danger auquel ils s’exposent leurs enfants.

Les garçons sont  davantage consommateurs que les filles ?

Les films pornos, qui se féminisent, attirent de plus en plus de filles.  La pornographie est partout (Internet, Smartphone) et nous saute au nez.

Comment expliquer cet attrait pour la pornographie chez les ados, et qui plus est, de plus en plus jeunes ?

Lorsqu’on va sur le terrain pour faire de la prévention dans les classes, et que l’on demande aux adolescents pourquoi ils regardent les films pornographiques, on entend d’une voix commune, chez les jeunes garçons, que c’est pour voir ce que les filles aiment !  On leur dit évidemment que ces actrices le font pour gagner leur vie, et que parfois, elles n’ont pas d’autres choix. Et là, souvent les ados insistent en nous disant, mais non, elles aiment vraiment ça ! Ils ont une vision totalement erronée de la réalité. La société abonde d’images sexuelles et on vend aux jeunes une fausse impression, et de plus en plus tôt.

Quelles peuvent en être les conséquences d’une consommation excessive chez les ados sur leur comportement ?

Cela est néfaste pour les ados car ils  sont dans une période où ils construisent leurs fantasmes. Dans mon livre « Et si on parlait sexe à nos ados », j’explique bien l’étude du chercheur Poulain qui observe trois paramètres avec l’accès à la pornographie jeune : la précocité des rapports, l’utilisation de plus en plus fréquente d’objets sexuels, et ce dès les premiers rapports et la généralisation de la sodomie. Normalement, ce sont des pratiques que l’on découvre progressivement avec son partenaire, on ne fait pas tout tout de suite, on élabore petit à petit. Mais avec le porno, les ados recopient ce qu’ils ont vu.

 Face à ce fléau, quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Il est important de parler sexualité aux enfants, en utilisant les mots adaptés, en fonction de son âge. C’est aussi aux parents de diriger leur adolescent là où il va pouvoir être conseillé sans pudeur, sans avoir peur de dire concrètement les choses.

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